Un implant auditif dernière génération mis au point

Certains patients rêvent depuis longtemps d’un appareil auditif invisible, encore plus discret que les intra-auriculaires. Et si c’était (presque) enfin possible ? Aujourd’hui à l’état de prototype, un implant auditif vient d’être développé grâce à la collaboration inédite du laboratoire de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), de l’École médicale de Harvard et l’hôpital Massachusetts Eye and Ear de Boston.

Implant auditif 2019 : à qui s’adresse-t-il ?

Depuis le 16 octobre 2019, date du communiqué » des développeurs du nouvel implant auditif, le monde de la recherche en audition est en ébullition.

Cet implant auditif tout juste né dans les laboratoires pourrait changer la vie d’un grand nombre de déficients auditifs mais pas n’importe lesquels. Il s’agirait des patients qui possèdent soit un déficit de l’oreille interne, soit un canal auditif atrophié ou abîmé.

Sur les 500 millions de personnes ayant un trouble auditif handicapant (chiffre de l’EPFL), il existe une partie de patients pour qui les solutions actuellement à disposition ne fonctionnent pas. Les personnes souffrant d’acouphènes (sifflement gênant constant ou aléatoire) ou d’une presbyacousie sévère sont malheureusement celles qui en souffrent le plus.

Ni les appareils auditifs, ni les implants cochléaires ne permettent de retrouver une capacité auditive assez satisfaisante. Ces profils de patients nécessitent une chirurgie complexe particulière : atteindre le tronc cérébral auditif grâce à des stimulations électriques extrêmement précises, fautes de résultats.

Avec cet implant auditif de dernière génération, les performances annoncées en matière de récupération auditives devraient être exceptionnelles.

Les implants cochléaires et leurs limites

Pour les personnes souffrant d’une perte auditive importante ne pouvant pas être appareillées de façon classique par les prothèses auditives externes, il existe les implants qui agissent au niveau de la cochlée par le biais d’un réseau d’électrodes. 

Ils se composent d’une puce ronde implantée sous la peau sur le côté du crâne et d’un récepteur qui a la forme d’un appareil auditif de forme contour d’oreille.

Chaque impulsion permet de délivrer un message au nerf auditif qui le transmet au cerveau pour analyser et comprendre le signal qui devient son. L’implant cochléaire actuel permet l’activité neuronale lorsqu’il y a un défaut de transmission du signal sonore.

Or, les neuroprothèses ABI (Auditory Brainstem Implants) utilisées à ce jour sont réalisées dans une matière trop rigide (platine) pour permettre une véritable adaptation au tronc cérébral auditif qui a une forme courbée. C’est bien ce problème de conception et de matériau qui empêche d’obtenir de meilleurs résultats.

Défi de ce nouvel implant auditif : plus de souplesse

Comment développer une solution auditive chirurgicale assez souple pour s’adapter correctement à la courbure du tronc cérébral auditif ?

C’est un véritable défi technologique que les trois équipes de Lausanne, Boston et Harvard ont réalisé. Ensemble, elles sont parvenues à mettre au point un dispositif plus souple composé de papier métallisé capable de conduire les ondes électriques. Qui aurait pu penser qu’une technique de découpe japonaise, le Kirigami, aurait inspiré de grands chercheurs ?

Les nouveaux implants auditifs fabriqués à partir d’un assemblage de formes découpées en Y ont pu être obtenu en combinant divers savoir-faire et nouvelles technologies, comme la micro fabrication intégrée et la découpe à une échelle infiniment petite (micron).

La prochaine étape et non des moindres, c’est de pouvoir tester ce tout nouvel implant auditif sur l’être humain.

Si cet implant auditif en papier métallisé est actuellement au stade de prototype, il pourrait bien ouvrir la voie à de toutes nouvelles utilisations comme l’enregistrement des messages nerveux sur la colonne vertébrale. Affaire à suivre !